J'ai lu avec surprise l'article de Sun Payne consacré à des chasseurs de têtes sur SL, payés au black. Sun parle d'erreur de communication. On peut parler aussi de fraude, de travail dissimulé. Sun ne donne pas de lien pour savoir d'où l'interview vient mais, grâce à Google et j'ai retrouvé l'interview de Fabrice Poiraud-Lambert, Directeur de projet chez Vedior, donné à Philippe Crouzillacq , 01net. C'est affligeant.

Que dit Fabrice Poiraud-Lambert? «Depuis la fin du mois de mai, Expectra s'est donc installé sur SL, nous y avons recruté plusieurs chasseurs de profils qui sont rémunérés avec la devise locale, le Linden dollar.» Il s'agit donc bien d'un recrutement et il y a sans doute là une première infraction à l'URSAFF puisque je doute qu'il y ait la moindre déclaration préallable à l'embauche de faite, le moindre versement de charges. Mais, se défend Fabrice Poiraud-Lambert: «En l'état actuel des choses, les avatars présents sur Expectra n'ont pas de contrat de travail à proprement parler. Il s'agit plutôt d'une activité ludique qui s'apparente un peu à du bénévolat selon les standards physiques.» Pas un contrat? Pfff, dans le droit français, à partir du moment où il y a lien de subordination, il y a employeur et employé. Il n'est pas nécessaire d'établir un contrat de travail sur un papier pour que le contrat existe. Et on peut ajouter qu'une entreprise n'a pas le droit de recourrir au bénévolat.

Parlons monnaie ensuite. La rémunération des avatars est extrêmement basse puisqu'un salarié «peut ainsi gagner entre 4 000 et 10 000 Linden dollars par semaine», soit entre 12€ et 35€ par semaine, suivant le cours du Linden Dollars. Je n'ose imaginer le temps passé mais, franchement, qui travaille pour ça? Là, on creuse la tombe des salariés et consultants en France. Second Life est alors juste un nouveau moyen de délocaliser? Seulement dans les phantasmes de recruteurs qui pensent avoir trouvé une faille, à mon avis, car, au regard du droit français, peu importe que les serveurs de Linden Lab soient aux Etats-Unis. Si l'employeur et l'employé sont en France, c'est bien le droit du travail français qui s'applique! Bien sûr, Fabrice Poiraud-Lambert ne parle pas de salariés mais de «joueurs» mais je suis impatient de savoir ce que dira le premier conseil des Prud'hommes qui devra se pencher sur un tel cas.

Erreur de communication dit Sun. Faute professionnelle, plutôt, pour moi, pour un groupe spécialisé dans les ressources humaines....

Edit: Pocarles Carter en parle aussi sur son blog.
Edit 2: l'article de Willow avec un titre digne de Libé.
Edit 3 (24/07/07): Expectra se conforme maintenant au code du travail.